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Collectif de Franche-ComptéPerspectives énergétiques mondiale et québécoise
Page 1 sur 1
Perspectives énergétiques mondiale et québécoise
Réalisé par Patrick Déry, B.Sc, M.Sc.
Physicien, spécialiste en énergétique,
agriculture et environnement
Avril 2008
Conclusions:
Il est évident que les sources non-renouvelables d’énergie ne sont pas inépuisables. Or, elles représentent plus de la moitié de notre consommation d’énergie au Québec. Des indices nous révèlent les possibilités d’une limitation prochaine de la production de pétrole et de gaz naturel et de son déclin inexorable dans un avenir prochain.
En 1972, la sortie du rapport de l’équipe Meadows, commandé par le Club de Rome, et intitulé «Limits of Growth» avait suscité une controverse plus ou moins scientifique quant à sa validité. Une opération de discrédit du rapport a fait rater l’occasion qui était alors fournie d’ouvrir le débat sur les limites à la croissance. Le statu quo a été maintenu et la dilapidation des précieuses ressources naturelles s’est poursuivie. L’économiste Julian Simons a poussé l’idée de la Corne d’abondance jusqu’à affirmer que nous avions des ressources pour plus de 7 millions d’années et qu’il n’y avait aucune limite à la croissance.
Ces débats qui ont eu cours publiquement pendant les années 1970 entre les adeptes de la corne d’abondance, la plupart du temps des économistes, et ceux de la limite des ressources, souvent des scientifiques, ont refait surface dans les médias depuis seulement quelques années. La question de l’approvisionnement futur en pétrole a amorcé le présent débat qui s’est étendu par la suite à
l’ensemble des ressources non-renouvelables.
De plus, le rapport Meadows démontrait que la disponibilité d’une source énergie très abondante et peu coûteuse engendrerait une pollution suffisante pour conduire une société vers son effondrement et ce, indifféremment de la «propreté environnementale» de cette source d’énergie. La réponse à la problématique énergétique se situe donc plus du côté de la consommation que de la production d’énergie.
Des cinq scénarios étudiés, deux ne rencontrent pas l’objectif de protection de l’atmosphère par leurs fortes émissions de GES (Maximum et Référence), l’un ne rencontre pas l’objectif de sécuriser les approvisionnements énergétiques (Minimum) et un autre rencontre difficilement l’objectif de faisabilité technique par ses fortes réductions de consommation d’énergie (variante IP 2030). Le seul scénario qui parvient à rallier l’ensemble des objectifs est celui d’une indépendance au pétrole pour 2030.
Considérant les implications économiques, sociales et environnementales, il devient clair que le choix d’un Québec indépendant du pétrole pour 2030 semble être la voie à suivre. De toute façon, la production des combustibles fossiles, que ce soit le pétrole, le gaz naturel ou le charbon, est déjà mise sous pression par la forte croissance de la consommation des pays émergents, une croissance qui vient s’ajouter à la nôtre. L’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) estime que la consommation énergétique mondiale devrait doubler d’ici 2030, à condition que la production des combustibles fossiles soit en mesure de suivre. La pression exercée sur les approvisionnements énergétiques mondiaux par la forte croissance des pays émergents poussera encore davantage les prix vers le haut, créant un contexte économique très défavorable pour le Québec.
Le choix d’un Québec indépendant du pétrole pour 2030, qui relève les défis à la fois climatiques et énergétiques, ouvrira un grand chantier. Un chantier qui créera des emplois, amènera des investissements dans les régions et influera positivement sur notre balance commerciale et sur nos émissions de gaz à effet de serre.
Cette solution peut se résumer par les quelques éléments suivants :
- développement de méthodes pour réaliser de l’économie
effective d’énergie et de l’efficacité énergétique dans tous les secteurs, avec un objectif en 2030 d’atteindre une consommation de 4,5 tep/habitant, alors qu’elle est de 5,6 actuellement (4,2tep/habitant actuellement en Allemagne). Cela représente, en 2030, 12% d’économie par rapport à 2005, soit l’équivalent d’environ 60TWh;
- élimination, pour 2030, du pétrole en tant que source d’énergie
(mais non comme source de matériaux);
- réduction, en 2030, de l’usage de gaz naturel d’un facteur de 2,3
par rapport à 2005;
- arrêt de la centrale nucléaire Gentilly-2 en 2013 comme prévu à
l’origine;
- maintien de l’usage du charbon pour l’industrie, selon la
consommation moyenne des 20 dernières années (0,41 Mtep), à moins de trouver un substitut valable pour le secteur industriel;
- développement accéléré des sources renouvelables
(hydroélectricité, biomasse, éolien, solaire, géothermie…)
avec l’objectif en 2030 d’en avoir augmenté la production de 67% par rapport à 2005, soit l’équivalent de 165 TWh;
- augmentation pour 2030 de la puissance hydroélectrique
installée de 4000 MW supplémentaires à ce qui est déjà prévu
ou à l’étude actuellement;
- augmentation en 2030 de la production d’énergie provenant de la biomasse forestière de près de 2,5 fois à
celle de 2005, par l’usage énergétique de 20% des attributions
(2008-2013) de la forêt publique, de 20% des possibilités
forestières des forêts privées (2007) et de 80% des résidus forestiers en 2030;
- augmentation à 10 000 MW de la puissance éolienne
installée en 2030 par rapport à 4 000 MW autour de 2015
(~20% de la puissance hydroélectrique installée en 2030);
- développement de l’énergie solaire, principalement de la filière
thermique, pour atteindre une production de 6 TWh en 2030;
- développement de la géothermie pour atteindre une
production de 8 TWh en 2030;
développement de compléments à la production principale :
# micro-production de sources renouvelables privilégiée par
l’achat d’électricité selon des tarifs préférentiels;
# biomasse agricole si aucune compétition sur l’alimentation et
maintien de la fertilité et de la productivité des sols;
# biomasse provenant des déchets (fumiers, résidus
d’abattage, gaz des sites d’enfouissement…).
- développement accéléré des moyens de transport efficaces et
électrifiés, à la fois collectifs et individuels, en insistant toutefois sur
le transport collectif;
- révision des modes d’aménagement et d’usage du territoire
(urbanisme, milieux ruraux, agriculture…);
- atteinte de l’équilibre avec la biosphère terrestre quant aux
émissions de gaz à effet de serre pour 2030, avec une réduction de
76% des émissions de GES d’origine énergétique en 2030 par
rapport à 1990.
De nombreux autres aspects de la question devront être étudiés pour parvenir à une acceptabilité sociale, économique et environnementale. Les techniques les plus appropriées d’harnachement de nouveaux cours d’eau, les nouvelles
superficies nécessaires pour l’implantation d’éoliennes ou le recours à des technologies peu polluantes de combustion de la biomasse (et le remplacement des équipements vétustes) susciteront sûrement bien des débats.
Mais de quel temps disposons-nous pour amorcer et mener ce débat? Que se passerait-il si le scénario d’un Québec indépendant du pétrole pour 2030, que nous considérons réaliste, s’avérait en fait optimiste?
Aurons-nous même le temps, avant que survienne le déclin des sources d’énergie non-renouvelables, de mener à bien un tel chantier jusqu’en 2030 ?
Devrions-nous nous préparer pour le pire, quitte à espérer le meilleur?
Car le jeu en vaut la chandelle. La possibilité qu’une planification énergétique basée sur l’indépendance du pétrole ait un impact positif sur les indicateurs socio-économiques est à prendre en compte dans la réflexion à venir. Une telle planification entraînera une amélioration très marquée de la balance commerciale
du secteur énergétique, la création d’emplois (dans l’industrie manufacturière, l’exploitation forestière locale, l’installation des équipements de production et d’efficacité énergétique, le réaménagement à long terme du territoire, etc.) et le développement de technologies et de savoir-faire exportables. Pourquoi le Québec ne deviendrait-il pas le leader mondial des méthodes d’économies
effectives d’énergie, par exemple?
Puis parce que nous nous donnerons la peine d’effectuer cette planification collectivement, nous aurons la chance de préserver au passage nos valeurs de solidarité et d’équité sociale chères à la société québécoise. Le défi énergétique ne vaut-il pas la peine d’être relevé pour la génération montante?
Quittons le pétrole avant qu’il nous quitte, comme le suggère Fatih Birol, chef économiste de l’Agence Internationale de l’Énergie :
«We should not cling to crude down to the last drop – we should leave oil before it leaves us. That means new approaches must be found soon. […] The really important thing is that even though we are not yet running out of oil, we are running out of time...»
-------------
SOURCE:http://www.rncreq.org/documents/EtatPerspectivesEnergetiquesQC.pdf
----------
Ce dossier contient plusieurs informations et réflexions sur les énergies et le travail à accomplir d'ici 2030, pour éviter de se retrouver avec des problèmes majeurs d'ici là.
Physicien, spécialiste en énergétique,
agriculture et environnement
Avril 2008
Conclusions:
Il est évident que les sources non-renouvelables d’énergie ne sont pas inépuisables. Or, elles représentent plus de la moitié de notre consommation d’énergie au Québec. Des indices nous révèlent les possibilités d’une limitation prochaine de la production de pétrole et de gaz naturel et de son déclin inexorable dans un avenir prochain.
En 1972, la sortie du rapport de l’équipe Meadows, commandé par le Club de Rome, et intitulé «Limits of Growth» avait suscité une controverse plus ou moins scientifique quant à sa validité. Une opération de discrédit du rapport a fait rater l’occasion qui était alors fournie d’ouvrir le débat sur les limites à la croissance. Le statu quo a été maintenu et la dilapidation des précieuses ressources naturelles s’est poursuivie. L’économiste Julian Simons a poussé l’idée de la Corne d’abondance jusqu’à affirmer que nous avions des ressources pour plus de 7 millions d’années et qu’il n’y avait aucune limite à la croissance.
Ces débats qui ont eu cours publiquement pendant les années 1970 entre les adeptes de la corne d’abondance, la plupart du temps des économistes, et ceux de la limite des ressources, souvent des scientifiques, ont refait surface dans les médias depuis seulement quelques années. La question de l’approvisionnement futur en pétrole a amorcé le présent débat qui s’est étendu par la suite à
l’ensemble des ressources non-renouvelables.
De plus, le rapport Meadows démontrait que la disponibilité d’une source énergie très abondante et peu coûteuse engendrerait une pollution suffisante pour conduire une société vers son effondrement et ce, indifféremment de la «propreté environnementale» de cette source d’énergie. La réponse à la problématique énergétique se situe donc plus du côté de la consommation que de la production d’énergie.
Des cinq scénarios étudiés, deux ne rencontrent pas l’objectif de protection de l’atmosphère par leurs fortes émissions de GES (Maximum et Référence), l’un ne rencontre pas l’objectif de sécuriser les approvisionnements énergétiques (Minimum) et un autre rencontre difficilement l’objectif de faisabilité technique par ses fortes réductions de consommation d’énergie (variante IP 2030). Le seul scénario qui parvient à rallier l’ensemble des objectifs est celui d’une indépendance au pétrole pour 2030.
Considérant les implications économiques, sociales et environnementales, il devient clair que le choix d’un Québec indépendant du pétrole pour 2030 semble être la voie à suivre. De toute façon, la production des combustibles fossiles, que ce soit le pétrole, le gaz naturel ou le charbon, est déjà mise sous pression par la forte croissance de la consommation des pays émergents, une croissance qui vient s’ajouter à la nôtre. L’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) estime que la consommation énergétique mondiale devrait doubler d’ici 2030, à condition que la production des combustibles fossiles soit en mesure de suivre. La pression exercée sur les approvisionnements énergétiques mondiaux par la forte croissance des pays émergents poussera encore davantage les prix vers le haut, créant un contexte économique très défavorable pour le Québec.
Le choix d’un Québec indépendant du pétrole pour 2030, qui relève les défis à la fois climatiques et énergétiques, ouvrira un grand chantier. Un chantier qui créera des emplois, amènera des investissements dans les régions et influera positivement sur notre balance commerciale et sur nos émissions de gaz à effet de serre.
Cette solution peut se résumer par les quelques éléments suivants :
- développement de méthodes pour réaliser de l’économie
effective d’énergie et de l’efficacité énergétique dans tous les secteurs, avec un objectif en 2030 d’atteindre une consommation de 4,5 tep/habitant, alors qu’elle est de 5,6 actuellement (4,2tep/habitant actuellement en Allemagne). Cela représente, en 2030, 12% d’économie par rapport à 2005, soit l’équivalent d’environ 60TWh;
- élimination, pour 2030, du pétrole en tant que source d’énergie
(mais non comme source de matériaux);
- réduction, en 2030, de l’usage de gaz naturel d’un facteur de 2,3
par rapport à 2005;
- arrêt de la centrale nucléaire Gentilly-2 en 2013 comme prévu à
l’origine;
- maintien de l’usage du charbon pour l’industrie, selon la
consommation moyenne des 20 dernières années (0,41 Mtep), à moins de trouver un substitut valable pour le secteur industriel;
- développement accéléré des sources renouvelables
(hydroélectricité, biomasse, éolien, solaire, géothermie…)
avec l’objectif en 2030 d’en avoir augmenté la production de 67% par rapport à 2005, soit l’équivalent de 165 TWh;
- augmentation pour 2030 de la puissance hydroélectrique
installée de 4000 MW supplémentaires à ce qui est déjà prévu
ou à l’étude actuellement;
- augmentation en 2030 de la production d’énergie provenant de la biomasse forestière de près de 2,5 fois à
celle de 2005, par l’usage énergétique de 20% des attributions
(2008-2013) de la forêt publique, de 20% des possibilités
forestières des forêts privées (2007) et de 80% des résidus forestiers en 2030;
- augmentation à 10 000 MW de la puissance éolienne
installée en 2030 par rapport à 4 000 MW autour de 2015
(~20% de la puissance hydroélectrique installée en 2030);
- développement de l’énergie solaire, principalement de la filière
thermique, pour atteindre une production de 6 TWh en 2030;
- développement de la géothermie pour atteindre une
production de 8 TWh en 2030;
développement de compléments à la production principale :
# micro-production de sources renouvelables privilégiée par
l’achat d’électricité selon des tarifs préférentiels;
# biomasse agricole si aucune compétition sur l’alimentation et
maintien de la fertilité et de la productivité des sols;
# biomasse provenant des déchets (fumiers, résidus
d’abattage, gaz des sites d’enfouissement…).
- développement accéléré des moyens de transport efficaces et
électrifiés, à la fois collectifs et individuels, en insistant toutefois sur
le transport collectif;
- révision des modes d’aménagement et d’usage du territoire
(urbanisme, milieux ruraux, agriculture…);
- atteinte de l’équilibre avec la biosphère terrestre quant aux
émissions de gaz à effet de serre pour 2030, avec une réduction de
76% des émissions de GES d’origine énergétique en 2030 par
rapport à 1990.
De nombreux autres aspects de la question devront être étudiés pour parvenir à une acceptabilité sociale, économique et environnementale. Les techniques les plus appropriées d’harnachement de nouveaux cours d’eau, les nouvelles
superficies nécessaires pour l’implantation d’éoliennes ou le recours à des technologies peu polluantes de combustion de la biomasse (et le remplacement des équipements vétustes) susciteront sûrement bien des débats.
Mais de quel temps disposons-nous pour amorcer et mener ce débat? Que se passerait-il si le scénario d’un Québec indépendant du pétrole pour 2030, que nous considérons réaliste, s’avérait en fait optimiste?
Aurons-nous même le temps, avant que survienne le déclin des sources d’énergie non-renouvelables, de mener à bien un tel chantier jusqu’en 2030 ?
Devrions-nous nous préparer pour le pire, quitte à espérer le meilleur?
Car le jeu en vaut la chandelle. La possibilité qu’une planification énergétique basée sur l’indépendance du pétrole ait un impact positif sur les indicateurs socio-économiques est à prendre en compte dans la réflexion à venir. Une telle planification entraînera une amélioration très marquée de la balance commerciale
du secteur énergétique, la création d’emplois (dans l’industrie manufacturière, l’exploitation forestière locale, l’installation des équipements de production et d’efficacité énergétique, le réaménagement à long terme du territoire, etc.) et le développement de technologies et de savoir-faire exportables. Pourquoi le Québec ne deviendrait-il pas le leader mondial des méthodes d’économies
effectives d’énergie, par exemple?
Puis parce que nous nous donnerons la peine d’effectuer cette planification collectivement, nous aurons la chance de préserver au passage nos valeurs de solidarité et d’équité sociale chères à la société québécoise. Le défi énergétique ne vaut-il pas la peine d’être relevé pour la génération montante?
Quittons le pétrole avant qu’il nous quitte, comme le suggère Fatih Birol, chef économiste de l’Agence Internationale de l’Énergie :
«We should not cling to crude down to the last drop – we should leave oil before it leaves us. That means new approaches must be found soon. […] The really important thing is that even though we are not yet running out of oil, we are running out of time...»
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SOURCE:http://www.rncreq.org/documents/EtatPerspectivesEnergetiquesQC.pdf
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Ce dossier contient plusieurs informations et réflexions sur les énergies et le travail à accomplir d'ici 2030, pour éviter de se retrouver avec des problèmes majeurs d'ici là.
Pierrot- Messages : 169
Date d'inscription : 13/02/2011
Localisation : Québec, Canada
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